Deux frères héritèrent d'un vase de Chine de grande valeur.
Nous devons le partager, dit l'aîné. Mais comment faire? Garde-le pour toi, dit le cadet. Je n'en ai pas besoin. Je n'en veux pas.
Il n'en ai pas question, répondit l'aîné. C'est contraire à mon sens de l'équité.
Alors, dit le cadet, prenons-le six mois l'un, six moi l'autre.
C'est beaucoup trop compliqué, dit l’aîné. Trouvons une solution plus simple.
Vendons-le, dit le cadet. Nous nous partagerons le montant de la vente.
Tu n'y songe pas, rétorqua l'aîné. Ce serait une insulte à la mémoire de notre père.
Alors, tirons-le au sort, ajouta le cadet.
Pas question, répliqua l'aîné. Je refuse de laisser le sort décider à notre place.
Dans ce cas, poursuivit le cadet, que propose-tu?
Battons-nous, dit l'aîné. Le plus fort aura le vase.
Cela ne m’intéresse pas, répondit le cadet. Nous risquerions de nous blesser et de nous en vouloir pour toujours. Je refuse de me battre avec toi pour cela.
Tu n'es qu'un lâche, riposta l'aîné. Tu as peur de te battre. Tu n'es pas un homme. Sous l'effet de la colère, il se mit à invectiver son frère, se jeta sur lui et dans sa précipitation renversa le vase qui se brisa en mille morceaux.
C'est ta faute, hurla l'aîné. Si tu n'avais pas été aussi lâche, rien de cela ne serait arrivé.
C'est possible, répondit le cadet. Tu voulais que nous nous battions pour ce vase. Maintenant, l'objet de notre litige a disparu. Allons-nous continuer à nous battre? Ou ton besoin de te battre est-il si fort que tout puisse devenir prétexte à des querelles entre nous?